Préparer son postpartum quand on a déjà vécu la dépression:
- mariepiergagne60
- 21 juin
- 4 min de lecture
ce que j’ai fait pendant ma grossesse pour éviter la rechute après l’accouchement
La grossesse, même quand elle est souhaitée, peut être un moment de vulnérabilité accrue, surtout lorsqu’on porte le poids d’expériences de dépressions. Dans cet article, je vous partage les choix concrets que j’ai posés pendant ma grossesse pour me préparer au mieux à la naissance de mon bébé et réduire les risques de rechute.

Une grossesse marquée par la douleur et l’inquiétude
Je l’avoue, ma grossesse n’a pas été de tout repos. J’aurais voulu vivre cette attente dans la sérénité et le calme et profiter à fond de mes derniers 9 mois d'efficacité avant un bon moment . Mais la réalité, c’est que j’ai passé une bonne partie de ces mois-là à m’inquiéter : pour la santé de mon bébé, pour la mienne et pour ce qui allait suivre. Nausées pendant six mois, diabète gestationnel, douleurs au bassin qui m’empêchaient de marcher ou de travailler… J’étais fatiguée, diminuée, et un peu en mode survie.
Mais surtout, j’étais inquiète de vivre mon accouchement dans un état de grande fatigue et d'avoir de la difficulté à remonter la pente. Et quand l’anxiété revient cogner à la porte, je sais que c'est un signe à ne pas prendre à la légère.
Avec le soutien de mon chum, j’ai pris une décision difficile, mais salutaire : j’ai arrêté de prendre des contrats comme violoncelliste dès mon sixième mois de grossesse. Financièrement, ça n’a pas été facile, mais physiquement et mentalement, c’était nécessaire. Chaque prestation me coûtait des jours de récupération, et je sentais que je n’avais plus les ressources pour traverser un accouchement puis un postpartum dans cet état d’épuisement.
Prendre cette décision, c’était poser le premier geste fort vers la prévention.
S’entourer pour mieux traverser
Mon vécu m’a appris qu’on ne traverse pas les tempêtes seules. J’ai donc décidé de faire appel à une doula pour m’accompagner avant, pendant et après la naissance. Je n'aurais pas pu prendre une meilleure décision! Sa présence m’a apporté une sécurité immense. Elle a su répondre à nos inquiétudes, normaliser nos peurs, nous outiller face aux défis de l’allaitement, du postpartum et de la vie avec un bébé neuf. Grâce à elle, je me suis sentie préparée, informée, et surtout, soutenue. Pas seulement dans la tête, dans le cœur aussi.
Gérer mon entreprise en mode maternité
Être entrepreneure et vivre une grossesse ne facilite pas exactement la prise d’un congé de maternité classique. J’ai donc dû travailler très fort pendant ma grossesse pour préparer ma précieuse collègue à prendre le relais autant que possible. Ensemble, nous avons mis en place plusieurs outils d’automatisation pour alléger la charge et faciliter le suivi des dossiers, dans l’objectif clair de me permettre de décrocher du travail pendant les premiers mois avec ma fille. Ce fut un défi de taille dans l'état nauséeux dans lequel j'étais, mais essentiel pour protéger ma santé mentale et me consacrer pleinement à cette nouvelle étape de ma vie.
Anticiper le quotidien pour éviter l’isolement
Je ne voulais pas vivre les premiers mois de vie de ma fille en isolement, je savais que ça représentait pour moi un facteur de risque de rechute de dépression. Sans tomber dans la surconsommation ou les achats inutiles, j’ai donc pris le temps de m’informer et de m’équiper pour que notre quotidien soit fluide et simple. Par exemple, comme nous n’avons pas de voiture, j’ai cherché un siège d’auto léger et polyvalent, une poussette capable d’affronter la slush de mars, un porte-bébé vraiment confortable, un sac à couches pratique, des vêtements bien adaptés à la saison. Chaque petit détail avait un objectif : réduire la charge mentale, faciliter les sorties, éviter l’isolement et faire de la place pour être présente, me reposer et profiter pleinement de ces premiers mois.
Préparer l’allaitement sans pression
J’avais très envie d’allaiter mon bébé. Mais après deux autres expériences, je savais aussi que l’allaitement peut être difficile, frustrant et douloureux. Je ne voulais surtout pas me mettre une pression inutile. Ce que je voulais, c’était me préparer, m’outiller et me donner toutes les chances de succès. Alors j’ai lu, j’ai posé des questions à ma doula, j’ai rencontré des organismes en lactation, j’ai investi dans un bon tire-lait, j’ai tiré du colostrum avant l’accouchement (ce qui m’a permis de découvrir un vasospasme, et d’éviter de remettre en question la prise au sein de mon bébé à cause de la douleur). L’allaitement, finalement, n’a pas été facile. Je n’ai pas eu de montée de lait pendant 5 jours et mon chum a dû nourrir notre fille à la seringue. J'ai consulté des précieuses ressources, j'ai persévéré et j'ai finalement réussi à démarrer ma production de lait. J’avais aussi préparé mon chum, qui savait exactement comment me soutenir. Et malgré un épisode très éprouvant avec une infirmière qui a fait intervenir la DPJ et qui a grandement remis en question ma capacité à allaiter, j’ai tenu bon. Aujourd’hui, après 4 mois, j’allaite comme je le souhaitais et ma fille est en parfaite santé. Et au-delà du lien précieux, l’allaitement m’apporte une chose très simple : plus de repos la nuit. Ce n’est pas rien quand on parle de santé mentale.
Je le nomme avec force :👉 Je ne juge ni ne dénigre aucun parent qui ne fait pas ce choix! Ce que je veux souligner ici, c’est que la préparation m’a permis de mieux vivre les difficultés, de réduire mon stress, de me sentir en maîtrise malgré l’inconnu. Et ça, pour moi, c’était essentiel.
Se préparer à tomber pour mieux rester debout
Je ne crois pas qu’on puisse vraiment prévoir ce que sera le postpartum. C’est une période remplie d’imprévus, de hauts et de bas, de moments lumineux et d’autres plus sombres. Pourtant, je suis convaincue qu’on peut s’y préparer avec lucidité, tendresse et méthode. Cela passe par une écoute attentive de nos vulnérabilités, par le fait de savoir quand demander du soutien, et par l’effort conscient de s’entourer et de s’outiller pour traverser cette étape le mieux possible.
Cette préparation n’empêche pas les difficultés, mais elle permet d’aborder le postpartum avec un peu plus de sérénité et de résilience. C’est déjà un premier pas pour rester debout, même quand la fatigue s’accumule et que les doutes reviennent.
Dans un prochain article, je vous parlerai de tout ce que j’ai mis en place après la naissance, au quotidien, pour continuer à prendre soin de ma santé mentale.
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