27 mars 2022 - Mon coming out
- 12 mai
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Dernière mise à jour : 15 mai

Aujourd’hui je fais un gros coming out. Je vais parler de dépression et de suicide. Parce que c’est important. Parce que très souvent, quand j’en parle, mon expérience résonne fort chez certains de mes proches. Parce que, plus rarement, je réalise les tabous qui entourent toujours les enjeux de santé mentale en 2022. Parce que j’étais contente en saperlipopette de me réveiller collée sur ma fille ce matin. Parce que quand je ne voyais plus la lumière au bout du tunnel, j’aurais aimé savoir que d’autres sont passés par là et ont retrouvé la lumière. Parce que la dépression est une maladie qui se traite et se guérit. Alors voilà, il y a quelques mois, j’ai fait une tentative de suicide et je suis en rémission d’une dépression.
Il y a plusieurs facteurs de risques pouvant conduire à la dépression. Pour ma part, l’exposition de mon cerveau à un stress prolongé (sur plusieurs années) a assurément été l’élément déclencheur. Eh oui, la production de cortisol (hormone du stress) non stop est dommageable pour les neurones à long terme. Étrangement, c’est quand les choses ont commencé à se calmer dans ma vie que les symptômes dépressifs sont devenus plus évidents. Comme quand la plus grosse grippe de ta vie attendait juste que tu aies écrit le dernier mot de ton examen de fin de session avant de se montrer la face. Ou quand t’as plus de facteurs externes pour justifier ton état semi pas ben permanent.
C’est exactement là où je me retrouve à la fin de l’été 2021, avec une peur latente de la dépression. Mais, je prends déjà des antidépresseurs suite à une première dépression il y a 8 ans, fais de la luminotherapie, consulte une psy, j’ai un chum parfait, une famille présente et aimante, une job passionnante. So WTF?! Je n’ai aucune raison de mal aller. Alors j’ai lutté, fort, fort, fort, jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Jusqu’à ce que le brouillard devienne si épais que, malgré l’amour infini que je porte à mon rôle de mère et à mes filles, je décide d’avaler une bouteille de médicaments. Je luttais tellement que je ne voyais même pas à quel point les symptômes dépressifs prenaient le dessus. La fatigue surtout. J’étais tellement fatiguée que j’angoissais à l’idée d’être trop fatiguée pour vaquer à mes occupations normales. Je faisais des longues sieste en pm (parfois en plus de ma sieste du matin) avant d’aller enseigner 3h en soirée. Je n’ouvrais plus mon courrier de peur de voir une tâche se rajouter à ma montagne (genre encaisser un chèque). J’angoissais à l’idée d’aller faire l’épicerie et de préparer les repas de la semaine. C’est pas compliqué, TOUT était une épreuve ultime, qui bien sûr, méritait une sieste! J’étais surtout préoccupée par mon travail, par l’idée de devoir performer, d’être présente pour mes collègues, de ne pas leur faire subir le poids de mon état et du stress financier qui vient avec la vie de contractuelle.
C’était une pression énorme que je mettais sur mes épaules et qui a culminé jusqu’au moment où, à l’hôpital, la psychiatre de l’urgence m’a dit que je devais être hospitalisée et que j’ai répondu, outrée, que c’était impossible, que j’avais un concert dans deux jours et que mes amies comptaient sur moi. J’ai vite compris à sa face qu’elle ne trouvais pas ma raison ben ben bonne et elle m’a donné le « choix » de me mettre sous garde médicale ou d’accepter l’hospitalisation de mon plein gré. C’est vraiment lorsque j’ai accepté que je devais tout arrêter pour prendre soin de moi que le crash complet est arrivé, mais surtout que j’ai commencé le processus qui me permettrait d’aller mieux. J’ai eu un suivi médical EXTRAORDINAIRE à l’hôpital de jour des troubles anxieux et de l’humeur pendant 7 semaines. Psychiatre, ergothérapeute et psychologues en or ont fait toute la différence dans mon parcours. Le support de ma famille a été essentiel et la patience et l’amour de mon chum m’ont permis d’accepter mon état, un jour à la fois.
Maintenant, je vais bien et j’ai envie de partager le positif d’avoir l’opportunité de faire un reset de ma vie. C’est pourquoi j'ai envie de parler de ma guérison et de la prévention de la dépression. Partager mon expérience fait partie de mon processus pour aller vers le mieux et j’espère que quelques uns y trouveront des pistes de réflexions et peut-être même du réconfort.
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