14 juin 2025 - Antécédents de dépression et risque de dépression postpartum : ce qu’il faut savoir
- 14 juin
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Pendant la grossesse de mon troisième enfant, une pensée n'était jamais très loin dans ma tête : est-ce que je vais refaire une dépression après l’accouchement ?
Pas parce que je ne me sentais pas heureuse ou prête. Juste parce que je savais. Je savais que j'avais déjà eu deux épisodes dépressifs dans ma vie, dont un très grave en 2021, et que ça comptait. Qu’un passé dépressif n’est pas qu’un souvenir : c’est un facteur de risque. Et je n’étais pas prête à prendre ça à la légère.
Aujourd’hui, j’ai envie de parler du lien entre les antécédents de dépression et la dépression postpartum. Parce que c’est réel, documenté, et encore trop souvent minimisé.
Qu’est-ce que la dépression postpartum ?
La dépression postpartum touche environ 1 personne sur 7 après un accouchement (source : CAMH, 2023). Elle peut survenir dans les semaines, voire les mois suivant la naissance. Elle se manifeste par une tristesse intense, une grande fatigue, une perte d’intérêt, une anxiété marquée et parfois, des pensées sombres. Ce n’est pas un baby blues, c’est une vraie dépression, qui nécessite une attention et un soutien sérieux.
Un antécédent de dépression, un facteur de risque majeur
Les études sont très claires à ce sujet : avoir vécu un épisode de dépression auparavant augmente considérablement le risque de vivre une dépression postpartum.
Quelques chiffres :
Selon une méta-analyse publiée dans le Journal of Affective Disorders (2017), **les femmes ayant un antécédent de dépression ont un risque environ 4 à 5 fois plus élevé de vivre une dépression postpartum que celles sans antécédent[^1].
Le National Institute for Health and Care Excellence (NICE, Royaume-Uni) identifie aussi les antécédents de troubles de santé mentale comme le principal facteur de risque de dépression périnatale[^2].
Au Québec, le Centre d’excellence en santé mentale périnatale précise que plus de 50 % des personnes ayant souffert d’une dépression postpartum en avaient déjà vécu une auparavant[^3].
Autrement dit, la dépression postpartum ne frappe pas au hasard. Elle peut être déclenchée ou amplifiée par un terrain vulnérable, déjà connu.
Pourquoi ce lien est-il si fort ? Plusieurs pistes l’expliquent :
La vulnérabilité biologique : certaines personnes ont un cerveau plus sensible aux déséquilibres hormonaux ou au stress intense.
L’absence de traitement complet ou de suivi après les dépressions précédentes.
Le stress du rôle parental, combiné au manque de sommeil, à la pression sociale et parfois à l’isolement.
La charge mentale, surtout chez les femmes, qui peut venir exacerber un terrain déjà fragile.
Et pourtant… on n’en parle pas assez
Ce qui m’a frappée en devenant mère cette fois-ci, c’est que même en 2025, les questions de santé mentale postpartum sont souvent reléguées au second plan. On s’inquiète du poids du bébé, de son sommeil, de l’allaitement… mais qui prend le temps de demander à la mère si elle dort, si elle mange, si elle pleure souvent ?
Et qui lui dit : Tu as déjà fait une dépression ? Ok, alors on va s’assurer de bien t’accompagner.
Spoiler : très peu de monde.
Conclusion : nommer les risques, c’est déjà les apprivoiser
J’ai eu peur, oui. J’ai aussi été pro-active. Ce qui fait qu'après 4 mois de cohabitation avec ma fille, je vais très bien! Je parlerai dans un prochain article de tout ce que j’ai mis en place pour me préparer psychologiquement et concrètement à mon postpartum, en tenant compte de mon histoire.
Mais aujourd’hui, je veux que tu saches que si tu as déjà fait une dépression et que tu vas devenir maman, ton inquiétude est légitime. Ce n’est pas de l’hypocondrie. C’est de la prévention. Et c’est essentiel.
Parce que mieux on connaît les risques, mieux on peut s’y préparer!
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