top of page
Rechercher

Pourquoi j’ai choisi la décroissance pour mon entreprise en expansion

  • Photo du rédacteur: mariepiergagne60
    mariepiergagne60
  • 31 oct.
  • 4 min de lecture

ree


Pendant longtemps, j’ai rêvé grand. Très grand.


Dans les dernières années, je n’avais pas simplement en tête de bien gagner ma vie avec mon entreprise ou de faire quelque chose que j’aime. J’avais une vision ambitieuse, presque exaltante : je voulais bâtir un modèle solide, efficace et inspirant — puis le reproduire dans plusieurs villes. Je voyais déjà les prochaines étapes : Paris, New York… L’idée de faire rayonner mon travail ailleurs me donnait des frissons.


Cette ambition avait quelque chose d’enivrant. Chaque nouveau projet, chaque client de plus, chaque succès était comme une preuve que j’allais dans la bonne direction. J’aimais cette sensation de montée, cette adrénaline discrète qui accompagne les rêves qui s’étendent.


Plus j’avançais, plus la machine prenait de la vitesse. Mon agenda se remplissait. Les opportunités affluaient. Et dans le tourbillon de cette expansion, je me disais que tout ça, c’était exactement ce que je voulais : bâtir quelque chose de grand, de durable, d’impressionnant. Faire travailler le plus de musiciens possible, offrir notre musique au plus grand nombre de gens possible.


Mais à un moment, ce rêve a commencé à perdre de sa couleur. Ce qui avait autrefois le goût de la liberté a fini par ressembler à une course sans ligne d’arrivée. J’ai réalisé que derrière cette belle trajectoire se cachait une question essentielle : est-ce que cette expansion me rendait vraiment heureuse?



Plus de tout… mais à quel prix?


La croissance, on en parle souvent comme d’un horizon lumineux. Ce qu’on dit moins, c’est tout ce qu’elle exige en coulisses.


Plus de clients, c’est aussi plus de gestion. Plus d’enjeux. Plus de problèmes à régler, souvent dans l’urgence. Plus de gens à coordonner, à encadrer, à soutenir. C’est une avalanche de tâches administratives que je n’aime pas particulièrement, mais qui deviennent indispensables pour faire tourner la machine.


Avec la croissance vient aussi la pression : celle de générer plus de revenus pour faire vivre cette structure, pour rémunérer les personnes qui travaillent à mes côtés, pour financer les grands projets qui, autrefois, me faisaient rêver.


Et dans tout ce brouhaha, quelque chose de fondamental s’est effrité : le lien avec mes clients.


Mon entreprise est née d’un désir profond de créer une expérience humaine, chaleureuse et sur mesure. Au fil des années, ces valeurs sont devenues la pierre angulaire de ce que je fais : offrir un service ultra personnalisé, et des performances musicales d’une qualité irréprochable. Mais plus la structure grandissait, plus ce cœur battant se perdait dans la masse.


J’avais l’impression d’être en train de bâtir quelque chose de grand, oui… mais de moins en moins vivant.



Ce que signifie la décroissance pour mon entreprise


Choisir la décroissance, ce n’est pas tout arrêter. Ce n’est pas un repli, encore moins une résignation. C’est une décision active et lucide : celle de ramener mon entreprise à une échelle qui me ressemble.


Concrètement, ça veut dire réduire mon offre et le nombre de projets que j’accepte. Ne plus essayer d’être partout en même temps. Me concentrer sur ce qui me fait réellement vibrer, sur les expériences que j’ai envie de créer, pas celles que je me sens obligée d’offrir pour nourrir une machine devenue trop lourde.


C’est aussi choisir la qualité plutôt que la quantité. Retrouver la finesse et la précision dans chaque collaboration. Remettre de la profondeur, de l’attention, du temps.


Et surtout, c’est me recentrer sur ce qui est vraiment aligné avec moi, avec ma vision, mais aussi avec mon mode de vie. Parce que je ne veux plus que ma vie tourne autour de mon entreprise. Je veux qu’elle s’y intègre harmonieusement, qu’elle me laisse de l’espace pour respirer, pour créer, pour exister autrement que dans le rôle de « chef d’orchestre » d’une structure qui grandit trop vite.


La décroissance, pour moi, c’est reprendre le contrôle. C’est reprendre la main sur le sens.



Redéfinir la réussite


Depuis que j’ai choisi de ralentir, quelque chose en moi s’est replacé. Je ne suis plus en train de courir après une version idéalisée de mon entreprise, je marche à son rythme, à mon rythme. Mon horaire respire davantage, mes idées aussi. Je retrouve le plaisir de créer, de collaborer, de livrer des expériences où je suis vraiment présente, corps et âme. J'ai maintenant de l'espace pour d'autres projets qui me sont chers et qui me nourrissent.


La pression de faire toujours plus s’estompe peu à peu, laissant place à une clarté nouvelle : je n’ai pas besoin d’une entreprise gigantesque pour me sentir accomplie. Ce que je veux bâtir maintenant, ce n’est pas une structure spectaculaire… c’est une entreprise vivante, agile et profondément alignée avec mes valeurs. Je veux remettre le plaisir au centre de mon travail.


Je sens aussi que mes clients en bénéficient directement. Le lien humain reprend toute sa place. Les prestations sont plus raffinées, plus vraies, plus vibrantes. Je peux remettre de la précision et de l’émotion dans ce que je fais — et c’est exactement pour ça que j’ai choisi ce métier au départ.


La décroissance n’est pas une fuite. Ce n’est pas une perte. C’est une façon de redéfinir la réussite.


Et si, finalement, la vraie grandeur ne se mesurait pas en expansion, mais en justesse? En équilibre? En la capacité de créer une entreprise qui ne dévore pas la vie, mais qui la nourrit?

 
 
 

1 commentaire


Maryse Aubert
Maryse Aubert
il y a 6 jours

Oh que tu écris bien!

C’est tellement beau ce que tu écris, c’est exactement ça que je veux aussi pour mon entreprise, de la qualité, des liens avec les clients, et de l’espace pour moi aussi! Chapeau! Ce n’est pas un chemin facile dans un monde où tout va vite!

J'aime
bottom of page