Avoir un bébé après les ados : un choix aligné, pas courageux!

Non, ce n’est pas du courage

Depuis que notre bébé est né, il n’y a pas une semaine sans que quelqu’un nous dise à quel point nous sommes courageux. Courageux de replonger dans les couches et les nuits blanches alors que nos ados sont enfin autonomes. Courageux de tout recommencer à zéro. Courageux de bouleverser notre équilibre familial, mais aussi peut-être de fragiliser ma santé mentale avec la charge qu'un bébé représente.

Pour ceux qui ne me connaissent pas encore bien, notre famille est recomposée : mon chum a deux ados de 10 et 13 ans, et moi j’ai deux filles de 13 et 14 ans. À cela s’ajoutent leurs ami·e·s, que nous accueillons comme une extension de la famille avec beaucoup de plaisir. Au milieu de ce mélange déjà plein de vie, nous avons décidé, ensemble, d’accueillir un bébé, qui a maintenant 8 mois. Ces dernières années n’ont pas toujours été faciles pour moi/nous : j’ai traversé deux épisodes de dépression, dont le plus récent il y a seulement quatre ans, ce qui rend ce choix encore plus conscient et précieux..

La vérité? Je n’ai pas l’impression d’avoir posé un geste héroïque. Je n’ai pas escaladé une montagne, ni brandi un drapeau au sommet. J’ai simplement choisi, avec mon chum, d’accueillir une nouvelle petite personne dans notre famille. Pas par bravoure. Par envie. Par alignement.

Ce que les gens veulent vraiment dire

Quand les gens nous disent ça, ce qu’ils expriment souvent, c’est :« Moi, je ne recommencerais jamais. »

Derrière le mot courage, il y a souvent cette idée que la petite enfance est une épreuve, une tempête à traverser une fois, pas deux. Et je comprends, pour beaucoup, c’est intense, épuisant, parfois même écrasant.

Mais pour moi, ce choix n’avait rien d’un sacrifice. Il n’y avait ni abnégation ni peur à surmonter. Il y avait simplement une certitude tranquille : celle de faire quelque chose qui me ressemble profondément.

L’alignement avant tout

Dans toutes les sphères de ma vie, c’est à travers la maternité que je m’accomplis le plus. Ce n’est pas une identité que je porte comme un drapeau, ni une façon de me définir uniquement à travers mes enfants. Ce n’est pas une question de réussite ou de performance.

C’est plus simple que ça: c’est dans la maternité que je me sens le plus compétente, le plus ancrée, le plus alignée.

Avoir un enfant n’est pas pour moi une charge qui épuise, c’est une présence qui m’énergise. C’est un espace où je respire mieux, où je me reconnais, où je me sens à ma place.

Alors quand les gens me disent « vous êtes courageux », je souris. Parce qu’en réalité, ce bébé n’est pas une épreuve que j’endure… c’est une évidence que j’embrasse.

Ce que ce bébé représente

Notre bébé est arrivé dans une famille qui existait déjà, avec ses histoires, ses ados bien vivants, ses rythmes et ses repères. Elle n’est pas venue effacer ce qui était là avant. Elle est venue ajouter. Elle relie, elle élargit, elle éclaire.

Et ce qui est peut-être le plus beau dans tout ça, c’est de la voir tisser, jour après jour, des liens uniques avec chacun de nos grands.

Il n’y a pas une seule manière pour eux d’être grands frères ou grandes sœurs. Chacun a sa propre façon de l’aimer : un fait des blagues et déclenche ses éclats de rire les plus francs. Une autre la nourrit affectueusement pendant qu’on prépare le souper. Une autre encore s’allonge à côté d’elle pour lui raconter des histoires qu’elle ne comprend pas encore, mais qu’elle écoute les yeux écarquillés.

Il y a une douceur immense dans cette cohabitation des âges, dans cette complicité naissante entre ceux qui sont déjà dans l’adolescence et celle qui découvre à peine le monde. Ce mélange des générations sous un même toit, c’est une richesse que je n’avais pas anticipée, mais que je savoure chaque jour.

Ce n’est pas du courage, c’est un grand oui

Ce bébé, on ne l’a pas eu malgré nos vies bien remplies. On l’a eu parce que nos vies sont pleines et qu’on avait encore de la place, dans nos horaires, oui, mais surtout dans nos cœurs.

Ce n’est pas du courage. C’est un grand oui dit avec lucidité et amour.

Et si, au lieu de mettre de l'avant la difficulté, on parlait un peu plus d’alignement? De ce qu’il y a de beau à dire oui à ce qui nous fait vibrer, même si ça ne cadre pas dans les récits habituels?