Pourquoi est-ce si difficile de comprendre ses besoins (calvaire)?
- mariepiergagne60
- 28 août
- 3 min de lecture

Dans mon précédent billet, j'ai parlé du fait que nommer mes besoins était essentiel pour préserver ma santé mentale. Ceci dit, avant de les nommer, encore dois-je les reconnaitre. En effet, reconnaître mes besoins, c’est ce qui me permet d’agir avant d’être débordée, de poser mes limites plus justes, et de faire des choix plus alignés. C’est aussi ce qui rend possible une communication plus claire et plus saine avec les autres. Ça semble bien beau tout ça, mais ça m'a pris un travail de longue haleine dans mon processus post dépression pour arriver aujourd'hui à une capacité d'introspection honnête qui me permet la plupart du temps à me comprendre. Et là, la question qui turlupine: pourquoi est-ce donc si difficile de comprendre avec clarté ses besoins? Voici quelques pistes de réflexion:
1. On ne nous l’a pas appris
Dans notre éducation (familiale, scolaire, culturelle), on valorise souvent l’adaptation, la performance, la générosité, mais peu l’introspection. Identifier ses besoins exige de ralentir, de se tourner vers soi, d’écouter ce qui se passe à l’intérieur, et ça, c’est rarement encouragé ou valorisé. On nous apprend à répondre aux attentes, pas à nous demander ce qui est juste pour nous.
2. On a peur de ce qu’on pourrait trouver
Mettre le doigt sur un besoin, c’est parfois se confronter à une vulnérabilité, une limite, une frustration ou une insatisfaction. Et ça peut faire peur. Parce que si je reconnais que je vis d'importantes insatisfactions dans une relation, serai-je capable de continuer à m'y investir? Si je réalise que j'ai besoin de repos, comment pourrai-je me l'octroyer? Et qu'est-ce que ça dit sur moi de comprendre que j'ai besoin de soutient?
3. On confond besoins et désirs, ou besoins et émotions
Ce n’est pas toujours facile de faire la différence entre ce qu’on ressent, ce qu’on voudrait, et ce dont on a besoin. Par exemple : je me sens irritée → j’ai envie de crier après mon enfant → mais en fait, j’ai besoin d’une pause, ou d’un espace sans stimulation.
4. On a l’impression de ne pas avoir le droit d’avoir des besoins (mon préféré!!)
Comme femme, on vit une pression interne substantielle à ne pas déranger, à ne pas trop prendre de place, à être forte. À jongler avec élégance avec nos multiples rôles de professionnelles engagées, de mères présentes et patientes, de blondes calmes et sexy... Avoir des besoins peut sembler égoïste ou excessif. Alors on les tait.
5. On se juge dès qu’un besoin émerge (mon 2e pref!)
Combien de fois on se dit : « Voyons, j’exagère. Prends su toé fille. Réalise donc la chance que t'as. Est-ce que c'est raisonnable de vouloir ça?»? Ce discours intérieur vient invalider nos ressentis. Résultat : le besoin reste flou, ignoré, ou étouffé.
On est de bonnes petites caméléones.
On veut plaire! Reconnaitre et nommer ses besoins, c'est accepter de risquer de déplaire et de ne pas répondre aux attentes de l'autre. Et ça, on n'aime pas.
La Marie-Pier d’avant avait tendance à avancer dans la vie en mode automatique, animée par la performance et par le désir de répondre à des attentes sociales qui n’étaient pas nécessairement bonnes pour elle. Cela m’a amenée sur un chemin de vie qui n’était pas le mien à 100 %, et à prendre des décisions pas toujours alignées avec mes besoins. Résultat : un profond épuisement.
Aujourd’hui, me tourner vers l’intérieur est devenu tout simplement vital. Dès que je dépasse mes limites ou que je m’éloigne de ce qui est bon et fait du sens pour moi, je le ressens par une grande fatigue et un brouillard mental. Ce signal physique, que je vivais autrefois comme une frustration due à mon manque d’énergie, je le reconnais maintenant comme une alarme de désalignement.
Prendre le temps de réfléchir à mes besoins fait-il de moi une personne égoïste? Non! Au contraire : ça me donne l’énergie nécessaire pour me tourner vers les autres avec intention, et non sous la pression.



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