Comment la suradaptation m'a menée à la dépression
- mariepiergagne60
- 1 oct.
- 3 min de lecture

J’ai toujours eu une grande capacité à m’adapter. Peu importe la situation, je savais m’ajuster, répondre aux attentes, faire plaisir, éviter les conflits. J’étais celle qui arrangeait tout le monde. Pendant des années, je n’ai pas remis ce fonctionnement en question, jusqu’au jour où j’ai compris que ce que je prenais pour une force m’avait aussi menée au plus sombre de moi-même. Dans mon article Pourquoi est-ce si difficile de comprendre ses besoins?, j'ai effleuré un sujet que j'ai envie aujourd'hui d'approfondir, celui de la suradaptation.
La suradaptation, ou l’art de s’oublier
En psychologie, on parle de suradaptation quand une personne s’ajuste de façon excessive aux besoins ou aux attentes extérieures, souvent au détriment des siens. C’est une stratégie de survie qui s’installe tôt : un enfant apprend à se conformer pour être aimé, reconnu, ou simplement pour maintenir la paix. Devenu adulte, il continue de fonctionner de cette manière, comme si sa propre valeur dépendait encore du regard d’autrui.
En relisant mon histoire, je me rends compte à quel point ce mécanisme a façonné ma vie. Je disais “oui” quand je voulais dire “non”. Je m’effaçais pour ne pas déplaire. Je m’efforçais d’être performante, irréprochable, parfaite. Et plus je réussissais à m’adapter, plus je m’éloignais de ma véritable personne.
Quand tout s’effondre
Mais il y a un prix à payer pour s’oublier si longtemps. Vivre en mode suradaptation, c’est comme courir un marathon sans jamais s’arrêter pour reprendre son souffle. On donne, on ajuste, on encaisse… et tôt ou tard, le corps et l’esprit se mettent à protester.
D’abord, il y a la fatigue. Une fatigue sourde, qui ne se résorbe pas avec une nuit de sommeil. Elle vient de l’effort constant à se contrôler, à analyser l’autre, à répondre aux attentes. Chaque interaction devient une performance, et ça épuise.
Puis, l’anxiété s’installe. Quand on vit en fonction du regard des autres, la peur de mal faire ou de décevoir devient omniprésente. J’étais constamment sur le qui-vive, à surveiller si j’en faisais assez, si j’étais “correcte”. Cet état d’alerte permanent finit par gruger toute l’énergie.
Ensuite, vient le sentiment de vide. À force de s’adapter, on perd de vue qui on est réellement. On ne sait plus ce qu’on veut, ce qu’on aime, ce qui nous nourrit. Tout devient mécanique. On fonctionne en pilote automatique, mais à l’intérieur, c’est le néant.
Et ce vide ouvre la porte à la dépression. Comme si le système nerveux, à bout de ressources, se mettait en mode “arrêt”. Plus de goût, plus de sens, plus d’élan. La suradaptation, qui m’avait protégée un temps, était devenue ma prison. Elle m’a menée jusqu’à un effondrement total, où même l’idée de continuer à vivre semblait insurmontable.
Le chemin de la prise de conscience
C’est à partir de ce moment de rupture que j’ai commencé à comprendre. La suradaptation, ce n’était pas moi. C’était un mécanisme qui m’avait protégée, mais qui n’avait plus lieu d’être. J’ai dû réapprendre à écouter mes signaux internes : la fatigue, la colère, la tristesse. Des émotions que je m’étais longtemps interdites parce qu’elles auraient pu déplaire.
J’ai aussi appris, lentement, à dire non. À poser des limites, même si cela risquait de frustrer quelqu’un. À me demander : “De quoi ai-je besoin, moi, maintenant ?” Ce sont de petites questions qui changent tout, parce qu’elles m’aident à me reconnecter à ce que je ressens vraiment.
La suradaptation touche beaucoup plus de gens qu’on le pense, surtout dans une société qui valorise la performance, le dévouement, l’image parfaite. Mais derrière ce masque, il y a souvent une grande souffrance.
Je ne prétends pas avoir trouvé toutes les réponses. Mais je sais maintenant que s’écouter, se respecter, et parfois décevoir, ce n’est pas être égoïste : c’est vital.
Comprendre ce mécanisme de défense qui ne m'était plus nécessaire m’a poussée à chercher une autre manière de vivre, plus alignée, plus douce. Je crois que c’est un chemin sans fin, mais chaque pas vers l’authenticité est bon pour soi comme pour les gens qui nous entourent.
MP xx



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