16 mai 2022 - Comment je repense ma relation à la musique à travers la dépression
- 15 mai
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Ceux qui me connaissent le savent, mon travail, c’est entre autres de jouer de du violoncelle. La dépression m’a ouvert les yeux sur l’état de désœuvrement dans laquelle se trouvait la relation que j’en étais venue à entretenir avec la musique. Je ne sais pas quand ni comment c’est arrivé exactement, mais la musique était depuis longtemps une source importante de stress dans ma vie. Je pense que la pression de performance que l’on subit dans notre parcours d’étudiant commence doucement à rompre la belle naïveté qui nous lie à notre instrument. Cette naïveté qui nous pousse vers la musique comme source de réconfort, de bonheur et de plaisir dès notre plus jeune âge continue d’être malmenée sur le marché du travail de par la précarité et les conditions difficiles du métier.
J’avais complètement perdu la connexion intérieure qui me liait à mon violoncelle depuis longtemps et jouer de la musique était devenu pour moi une lourde obligation. Après mon hospitalisation, la seule pensée de reprendre mon instrument me causait énormément d’angoisse. Je n’y ai pas touché pendant 4 mois. Cependant, j’avais encore quelques certitudes à l’intérieur de moi, celles d’aimer profondément la musique, d’aimer mon travail et d’avoir envie de poursuivre l’aventure de mon entreprise. Mais comment faire pour déconnecter le stress et la musique? Méchant gros questionnement que j’ai finalement eu le courage de prendre par les cornes.
1ère étape: écouter de la musique. Pour me rappeler que la musique en elle-même, c’est tout le contraire de stressant! C’est beau et positif.
2e étape : Écouter la version audio du merveilleux livre Effortless Mastery du pianiste Kenny Werner, un livre sur la connexion intérieure, sur le lâcher prise, sur la peur, les attentes et comment se débarrasser de ces dernières.
3e étape: Écouter les conseils de Kenny, c’est-à-dire découvrir « The Space », un espace intérieur calme duquel on peut éventuellement accomplir les tâches les plus complexes comme maîtriser un instrument de musique. En gros, c'est être assise avec mon violoncelle et écouter Kenny me dire que je suis « a Master » dans des méditations guidées.
3e étape : Poser mes mains sur mon violoncelle en demeurant dans « The Space ».
4e étape : Jouer quelques notes sans but, sans rechercher quelque standard de beauté que ce soit. Ça semble bien banal tout cela, mais c’était le plus que je pouvais accomplir et le processus est plus complexe que ce je décris! C’est carrément de la reprogrammation du cerveau par l’action dans un espace méditatif quasi hypnotique. Peu à peu, je me suis mise à être capable de jouer plus, des petits passages, improviser librement sur de la musique que j’aime…
5e étape : Redéfinir la notion de travail! Quand je joue de la musique, est-ce que je travaille? NON! Je joue simplement de la musique. Ça fait une énorme différence parce que ça enlève un stresseur important et une grosse charge mentale et que ça permet de se concentrer sur l’essence de la l'action. Je prends beaucoup plus de plaisir à préparer les pièces que je dois jouer pour un mariage par exemple. Je prends également beaucoup plus de plaisir à jouer pour ledit mariage! J’arrive maintenant à jouer du violoncelle presque chaque jour sans que ce soit une obligation ou une tâche que je remets sans cesse à plus tard. C’est un chemin dont je suis loin de voir la fin, mais c’est positif puisque ça me permet un retour au travail plus doux et bienveillant.
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